Perceptions des dirigeants des établissements de santé universitaire au Québec du rôle de la santé connectée sur la gestion, la dispensation des soins et des services et la santé de la population


La santé connectée, définie en 1999 par J. Mitchell, comme « l’usage combiné de l’internet et des technologies de l’information à des fins cliniques, éducationnelles et administratives, à la fois localement et à distance » est en pleine croissance. En 2019, elle s’est enrichie de nouveaux outils comme la télémédecine, les applications mobiles, les objets connectés, l’intelligence artificielle, la robotique, la nanotechnologie ou encore la blockchain. Selon le Market research report et Microsoft en 2016, on comptait 73 millions d’appareils de santé connectés à travers le monde et en 2020, ils seront 161 millions[1].

Les technologies prêt-à-porter (bracelets, montres ou tous vêtements connectés), appelées aussi objets connectés (OC), représentent 60 % du marché des appareils médicaux connectés. Ce qui est compréhensible dans un contexte où les gens sont de plus en plus nombreux à souhaiter avoir des informations en temps réel sur leur état de santé. Selon l’étude de la diffusion du mouvement d’auto-suivi de la santé numérique au Canada, 66,20% des répondants surveillent régulièrement un ou plusieurs aspects de leur santé[2]. Les objets connectés permettent de disposer d’informations sur la santé du patient qui peuvent ensuite être partagées avec son médecin. Ces données récoltées sur le long terme, permettraient aux professionnels de la santé de mieux prédire, prévenir et guérir les maladies grâce à l’efficacité accrue des systèmes de mesure et des algorithmes d’analyse, ce qui réduirait la nécessité de l’intervention humaine au profit de l’intelligence artificielle en santé[3].

Le Québec s’intéresse de plus en plus à ce sujet et investit en ce sens. Des fonds d’investissement se développent à l’instar de MEDTEQ – 14 millions de dollars -, qui soutient la diffusion de projets en santé numérique. Toutefois, malgré son effervescence, le secteur de la santé connectée en est encore à ses balbutiements et suscite de nombreux questionnements – et parfois de la méfiance – de la part des professionnels de santé, mais aussi des gestionnaires du système. Au Québec, des défis semblent faire encore obstacle à la généralisation de l’utilisation des outils numériques et de la santé connectée au sein des établissements de santé et de services sociaux.

Actuellement, peu de données sont disponibles quant à la perception et au positionnement des PDG des établissements québécois sur ces enjeux.  Aussi, cette recherche a comme objectif général d’évaluer les perceptions des dirigeants de CIUSSS et de CHU à l’égard de la télémédecine, de la santé connectée, de l’innovation et de l’IA qui font partie de l’e-santé (annexe 1). Plus spécifiquement, cette étude cherche à comprendre le positionnement des hauts dirigeants vis-à-vis de l’implémentation des innovations technologiques en lien avec la santé connectée au sein de leur établissement, leur méthode d’anticipation et d’accompagnement, les modifications organisationnelles qui en découlent ainsi que les freins et leviers relatifs à la diffusion de ces innovations au sein des CIUSSS et de CHU au Québec. 


Nous avons réalisé une étude qualitative exploratoire grâce à la réalisation d’entretiens semi-directifs soit en face-à-face, soit par téléphone, avec les PDG des CIUSSS et de certains PDG de CHU. Les participants et participantes ont été sollicités par courriel par la chercheure principale. Les entretiens ont porté sur 1) la perception de l’apport de la santé connectée, 2) la mise en évidence de projets en cours au sein de leurs établissements; 3) les enjeux, les transformations et les adaptations relatifs au déploiement de la santé connectée dans leurs établissements (annexe 2). Au total, 9 CIUSSS et 2 CHU ont été contactés. 8 CIUSSS et les 2 CHU ont répondu positivement à l’invitation. Entre octobre et novembre 2019, 11 entretiens ont été réalisés : 6 avec des PDG, 2 avec des PDGA et 3 avec des responsables « Innovation ». La durée moyenne des entretiens a été en moyenne de 45 minutes). Ce projet de recherche a été approuvé par le comité d’éthique de l’Université de Montréal (#CERSES-19-105-D) et chaque participant a signé un formulaire de consentement garantissant l’anonymat des propos tenus.


[1] Santé connectée : Les 4 chiffres qu’il faut connaître. (2017, juillet 19). Consulté 1 décembre 2019, à l’adresse Microsoft experiences website: https://experiences.microsoft.fr/business/intelligence-artificielle-ia-business/sante-connectee-chiffres/

[2] Paré, G., Leaver, C., & Bourget, C. (2018). Diffusion of the Digital Health Self-Tracking Movement in Canada: Results of a National Survey. Journal of Medical Internet Research, 20(5), e177. https://doi.org/10.2196/jmir.9388.

[3] Piwek L, Ellis DA, Andrews S, Joinson A. The Rise of Consumer Health Wearables: Promises and Barriers. PLOS Med. févr 2016; 13(2):e1001953.

Ce contenu a été mis à jour le 2 juin 2020 à 9 h 52 min.

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